Le combat
par Adré
© Adré
Un dyptique sur le combat, deux personnages qui s’opposent par la position de leurs corps, par la technique employée mais liés par un noir et blanc. Ici la contradiction entre le sombre et le clair est nuancée par des masses intermédiaires car finalement pour qu’il y ait combat, il faut un espace de désaccord commun. L’adversité entre ces deux images se limite à la forme puisque qu’elles tirent dans le même sens.
A gauche, un personnage sur papier, à la pierre noire et à l’ acrylique, collé dans une rue de Roubaix. La démarche de s’approprier un bout d’espace urbain est pour moi une action visant une certaine liberté. Celle de dire, de rendre visible, de ne pas demander la permission. Même si ce combat peut paraître dérisoire, il est important à mes yeux à l’heure où l’on subit un flot perpétuel d’éléments formatés par le capital. J’ai intitulé cette œuvre « have hope », inscrit sur les poings serrés de l’homme prenant la garde d’un boxeur. J’y vois un message de soutien, de solidarité et de détermination adressé à tous ceux qui subissent des oppressions ou qui sont sensibles à celles subies par d’autres. Planter cette affiche dans la rue c’est à la fois un besoin de partager et transmettre l’espoir par le biais d’un dessin visible par tous.
A droite, la photo d’une dame en février 2020, lors d’une manifestation contre les violences policières. Après un discours prononcé par des victimes, le cortège se met en route, rythmé par des chants et des slogans de résistance. Au milieu de la foule émue et révoltée par les paroles qui ont précédé j’aperçois cette personne que je regarde un long moment avant de sortir l’appareil. Parfois dans un combat, on ressent un certain épuisement face à la ténacité de l’adversaire et puis c’est à ce moment que la lumière revient. C’est ce que j’ai ressenti à ce moment. L’âge et la résolution de cette dame m’ont faits du bien.
A travers mes tentatives d’expressions artistiques, il y a un fil rouge, celui du champ populaire. Plus ou moins directement cela implique le sujet du combat social. Le camp est choisi. Je dessine et photographie comme d’autres écrivent ou jouent de la musique. Tout cela crée du lien social. Finalement c’est le partage et les rencontres qui cimentent la motivation à ce que chacun apporte sa petite pierre.
Adré, peintre et photographe